Un bébé peut souffrir, et éduquer n'est pas humilier : des évidences ?


Il a fallu attendre le milieu des années 1980 pour admettre que le bébé pouvait souffrir. C'était hier... Un quart des bébés étaient opérés sans anesthésie, selon une étude citée dans l'article consacré au sujet sur Wikipedia, article qui m'a scotché. Tout ça sous prétexte que le système nerveux des nourrissons n'est pas totalement terminé... Il aura fallu des siècles d'attente et surtout des scientifiques qui osent remettre en cause leurs croyances ancestrales, pour qu'enfin on se penche sur la douleur du bébé.

Comme quoi même les scientifiques sont des êtres humains, avec leurs faiblesses et leurs croyances, avec le poids de la tradition sur leurs suppositions. Ce n'est pas rassurant, mais ça se comprend.
Comme quoi il faut que des individus se posent les bonnes questions et osent aller à rebours de l'ambiance et des pseudo-évidences d'un temps, pour que l'humanité puisse progresser. Ces gens sont admirables. 

Comme quoi les croyances aveuglent tout le monde : même (et paradoxalement) les scientifiques bardés de diplômes et qui, si on ne les nomme plus des "savants", savent tout de même pas mal de chose ; et même les parents qui, sans avoir besoin d'un bac + 15, sont les premiers observateurs de leur enfant et savent décrypter son comportement. Quand on voit la douleur défigurer le visage d'un tout-petit quand il se cogne, on a peine aujourd'hui à imaginer qu'il y ait pu y avoir une époque où on ouvrait le thorax du bambin avec pour seul antidouleur une tétine dans la bouche... Qu'est-ce qui fait qu'on ait pu être aveugle à ce qui est maintenant une évidence ?

C'est qui le patron ?!

Et si on changeait (presque) de sujet ? Quand on met une baffe ou même une fessée à un petit, on se dit que ça ne peut pas lui faire de mal. Vous me voyez venir, mais je ne donne pas de leçon : quand mes "grands" étaient petits, il y a une vingtaine d'années, ils en ont pris. J'étais très influencé par l'idée, encore plus forte à l'époque qu'aujourd'hui (d'autant qu'on était dans le retour de balancier de l'époque "laxiste" soixanthuitarde !), qu'un petit devait obéir par tous les moyens, et qu'il devait savoir qui était le maître, à qui il devait se soumettre.

Aujourd'hui avec ma petite de 16 mois, je ne pourrais plus lui donner de "correction". Car j'ai compris (avec l'âge ? l'évolution de la société ?) que l'autorité ne résultait pas dans la crainte ou la violence. Que ça peut faire mal physiquement et que c'est humiliant (vous frappez votre femme, vous, quand elle n'a pas envie de faire la vaisselle - ou tout ce que vous voudrez - après manger ?!)
Ma petite ne touche pas aux CD rangés sur une étagère exactement à sa hauteur. Elle ne fouille pas la poubelle de la cuisine. Elle ne touche pas à mon téléphone même quand il traîne sur la table du salon. Et pourtant je ne l'ai jamais giflée quand elle a tenté, au départ, d'enfreindre ces petites lois... Souplesse, respect, sérénité, autorité. 
Inversement, mon fils qui a maintenant 19 ans, a reçu une grande quantité de fessées quand il était petit. Ça ne l'a pas empêché de faire toutes les conneries possibles, surtout à l'adolescence (tapez sur Google "crise d'ado" : il a fait toute la liste des symptômes...). 

Tout ça pour dire que quand on tente de voir les choses sous un autre angle que sous la pression sociale, qu'on s'extrait des vieilles habitudes qui paraissent évidentes, qu'on fait un bras d'honneur aux bonnes vieilles traditions mortifères, on trouve d'autres voies plus humaines et plus respectueuses pour tout le monde. 

Il a fallu des siècles pour savoir qu'un bébé peut souffrir. Espérons qu'on trouvera vite des voies intelligentes pour éduquer sans violence... sans pour autant fabriquer des enfants-rois. La voie est étroite. Aucun scientifique ne trouvera la solution miracle. Mais nous, parents, on peut, en tâtonnant, avec persévérance et humilité, trouver le passage secret qui approchera le plus possible notre enfant de l'épanouissement. Ce que j'écris là ressemble à de la croyance, mais c'est une croyance qui a de l'avenir. 

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