Une souris verte : Une analyse psycho-freudienne


En fait on les rend fous nos gamins. Regardez les chansons qu'on leur assène. Prenons "Une Souris verte" par exemple. Analysons froidement les paroles. 

"Une souris verte."

Déjà, il faut avoir sniffé un truc de fou pour imaginer une souris verte. Ou alors c'est pour signifier qu'elle est invisible, car souvenons-nous de la suite :

"Qui courait dans l'herbe."

Du vert dans l'herbe, c'est invisible. Sauf quand l'herbe a jauni à cause de la sécheresse, auquel cas une vermine verte devient visible. Est-ce à dire que face à l'inéluctable puissance de la patte parfois cruelle de Dame Nature, l'essence même du Moi - même frappé d'une nature/couleur aberrante, ici le vert - peut/doit courir/s'émanciper dans une herbe/contexte peu favorable ? 
Oui. 
Ecoutons la suite. 

"Je l'attrape par la queue."

Inutile ici de souligner le caractère éminemment sexuel de l'expression, où l'émancipation du Moi trouve ses limites internes dans un Surmoi qui vient rappeler que non, on ne court pas impunément ni trop longtemps libre, le poil vert aux vents.  

"Je la montre à ces messieurs". 

Soyons clairs : montrer ainsi le corps d'un être vivant à des "messieurs" laisse présager le pire. Qui sont-ils ? Pourquoi seulement des hommes ? De quel droit ? Quelle est l'intention de "Je" qui, déjà, s'est permis de saisir la "queue" de l'être ? "Je" est-il pervers ?  Sans doute. Il est alors totalement dans le Ça. 
Poursuivons. 

"Ces messieurs me disent : 
Trempez-la dans l'huile
Trempez-la dans l'eau"

Nous avons ici clairement l'image d'un sadisme cependant sans doute pas totalement stérile et récréatif : le propos est sobre, construit, autoritaire, quasi médical. Il faut le faire, semble dire la chanson. Et pour autant c'est à Toi, Ego, de le faire : ce ne sont pas ces "messieurs" qui le feront. Autrement dit ton émancipation doit s'appuyer sur l'expériences d'Autrui (les "messieurs") mais il te revient bien 
d'accomplir des actes. D'autant que :

"Ça fera un escargot tout chaud". 

D'aucuns compareront cette métamorphose avec celle du vilain petit canard qui se transforme en beau cygne. Il faut chercher le lien entre le volatile et le gastéropode, pas évident au premier regard. Certes. Mais la transformation en un "autre" qui reste un peu "moi" est typique de la problématique du passage de l'enfance à l'âge adulte, que l'on retrouve dans beaucoup d'histoires mythologiques. Ici, la souris unique en son genre, qui court dans un milieu particulier faisant ressortir sa personnalité, finit par se transformer, après action de la Culture (ces "messieurs") et de la Nature (l'eau et l'huile) en escargot, animal qui est donc lent et prend son temps mais qui est aussi "chaud" - entendez "chaud lapin" mais ne vous attardez pas sur la survenue troublante d'un animal de plus dans l'histoire -, état faisant référence aux obsessions sexuelles qui habitent l'esprit (et le reste) à l'adolescence. 
Et pour couronner le tout, l'histoire finit par du caca ("trois petites crottes") dans la culotte (même pas celle de la bestiole, non : dans "ma" culotte). C'est dire la perversité du propos. 

En un mot, la souris verte, c'est une chanson de cul. Bravo les parents. 

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