Confinement : Le ras-le-bol plein d'avenir de ma gamine

coronavirus

C'est venu hier en fin de journée. Nous regardions les informations à la télé, comme on le fait régulièrement mais le plus brièvement possible, histoire d'être au parfum des évolutions, mais juste ce qu'il faut pour ne pas être dans l'anxiété permanente. Ma choupinette faisait un câlin à sa maman, et soudain elle dit, pour la première fois depuis le début du confinement : "Quand est-ce que ce sera fini, le conoravirus (sic) ?" On a senti un ras-le-bol dans sa question. Tu aimerais revoir tes copains, tes grands-parents, ton école ? Oui, a-t-elle répondu.
Je ne sais pas quand nous serons vraiment déconfinés, et si nous pourrons revoir bientôt physiquement les grands-parents, le grand frère et la grande sœur. Je ne sais pas si l'école va vraiment redémarrer en mai, notamment pour les grandes sections de maternelle (où ma fille est inscrite, donc). Je ne sais pas quand le "conoravirus" sera éradiqué. On lui a dit cela : "On ne sait pas". Cela ne l'a sûrement pas rassurée, mais on est passés à autre chose.
Je ne sais surtout pas dans quel état on redonne le monde à nos enfants. Il était déjà insécurisant au regard de la dégradation de l'environnement. Il sera doublement insécurisant en y ajoutant les risques sanitaires. Comment en est-on arrivés là ? Les explications "externes" ne me suffisent pas, celles qui se contentent de dire que "c'est la faute au capitalisme", "c'est la faute au système", "c'est la faute à la mondialisation", "c'est la faute au gouvernement". Trop facile, car cela nous exonère de nos responsabilités individuelles. Nous sommes aussi des acteurs de la situation présente. Le monde, les systèmes, ne sont pas là en dehors de nous. Nous y participons. Exemple frappant : les McDo rouvrent, il y a trois heures de queue pour acheter un Big Mac. Qui croira qu'on refera le monde sur des bases positives ? Le monde recommencera comme avant, car les "gens" ne veulent pas que cela change. Quand le déconfinement sera effectif, chacun reprendra sa voiture pour aller acheter du pain ou parcourir 800 mètres. Chacun reprendra l'avion pour aller prendre ses vacances à l'autre bout du monde, ou pire, pour aller à 300 km de chez soi alors qu'on pourrait prendre le train. Les gens continueront d'être des gens, qui pensent avant tout à eux et sur des besoins immédiats. Et là, ce n'est pas une question d'être riche ou pauvre. 

Penser un monde apaisé

A moins que. A moins que la génération à venir, celle de ma choupinette, occupe l'espace public et leur temps présent, pour le modifier dans le bon sens. Non pas pour combattre un ancien monde pour un nouveau, non pas dans une volonté conflictuelle de faire table rase du passé, mais pour un monde vivable pour tous. Après tout, en Europe, on a fini par faire taire les conflits guerriers du passé : assommée par les guerres, une génération a décidé de bâtir la paix. Pourquoi ne pas espérer que les futures générations, qui auront souffert des crises environnementales et sanitaires, trouvent les voies et moyens pacifiques pour s'en défaire, ou au moins négocier une forme de vie qui assume les risques et les contienne ?
Que ma fille en ait ras-le-bol du confinement, c'est finalement très sain. J'ai espoir que ce soit la première étape vers une prise de conscience progressive que le monde est certes dangereux, mais qu'il est possible d'y agir. Il n'est pas beaucoup plus dangereux qu'il ne l'a été. Les générations précédentes ont trouvé des solutions intelligentes pour atténuer ces dangers. A nous, ici et maintenant, de préparer les futures générations à penser un monde apaisé.

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