Confinement : Stop aux injonctions culpabilisantes à "potentialiser" la période !


Comme tout le monde je remercie tous les personnels de santé, en les applaudissant tous les soirs, et en me souvenant que dans le monde d'avant, déjà, ils étaient formidables, cela ne date pas de la mi-mars. Comme tout le monde je remercie tous les personnels des services publics qui sont en première ligne, que ce soient les postiers qui ne savent pas ce qu'ils distribuent ni quelles mains infectées ont saisi les poignées des portes d'immeubles qu'ils poussent à longueur de journée ; les éboueurs qui sont directement en contact avec tout ce qu'on peut rejeter par dégoût ou par peur ; les forces de l'ordre qui doivent se coltiner tous les connards qui se croient plus forts qu'un virus... Et je remercie tous les salariés qui n'ont pas le choix du télétravail et qui croisent du monde ou manipulent des objets pas sécurisés, comme les caissières et caissiers, les livreurs, les préparateurs de commande.
Je remercie les personnels enseignants, pour leur dévouement en cette période, le contact gardé avec les parents, et surtout pour leur travail tout au long de l'année. Parce que je ne sais pas vous, mais pour ma part, bien que je sache depuis toujours que c'est un métier (mes parents étaient enseignants), je dois avouer que c'est au moins aussi difficile de "faire l'école" que ce que je m'imaginais. Alors merci la professeure des écoles de ma gamine. Merci aussi au CNED, qui propose des activités (il faut faire le tri), merci à Jamie et son équipe pour toutes ses émissions légendaires "C'est pas sorcier" que ma fille avale les unes après les autres, sur le thème des crocodiles, des félins, des serpents ou des dauphins. Merci aux haricots de pousser aussi facilement en germant en quelques jours. Merci à Radio Pomme d'Api pour sa programmation adaptée aussi bien aux grands qu'aux petits, merci à Deezer ou à Spotify pour leurs choix de chants et de musiques en tous genres.
Bref, merci à tous, cela permet de passer le temps utilement ou pas, de façon éducative ou pas, en tout cas de profiter de tous les instants, même oisifs.

Si t'as rien fait, t'as raté ta vie

Et c'est là où je veux en venir au final : l'oisiveté n'est pas un mal ! Et je ne remercie pas tous ceux qui nous culpabilise à ne rien faire ou ne rien "produire" de cette période. Il ne se passe pas une journée sans qu'on soit bombardés d'injonctions à "faire", à "profiter" pour "progresser", à grands coups de "mettez-vous à la cuisine", "apprenez des choses nouvelles grâce aux MOOC", "cultivez-vous en visitant des musées virtuels", "travaillez dans l'agriculture, ça embauche", "apprenez la guitare", "vainquez votre timidité en quelques leçons", "soyez créatifs" ! Allez-y, c'est gratuit ! Enfin, pour l'instant.
Je ne supporte plus ces injonctions culpabilisantes qui vous expliquent que si vous n'avez "rien fait" de votre période de confinement vous aurez raté votre vie, je ne remercie pas ces promoteurs de "développement personnel" qui vous expliquent comment "potentialiser" votre quotidien. Bien sûr qu'il est toujours utile de se cultiver dans tous les domaines. Mais arrêtez de nous mettre la pression. Laissez-nous profiter des moments de vide, de la vacuité de certaines heures ou de certaines journées, qui lancent automatiquement nos pensées dans un vagabondage au moins aussi récréatif, créatif et finalement productif que les méthodes toutes faites dont on nous distille les bienfaits à longueur d'internet. Laissez-nous le choix de ne rien faire. Sans culpabiliser.

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